Croix en Creuse
Les témoins de notre histoire

Cette croix monumentale en fonte, peinte en blanc, se distingue par la richesse de son décor religieux. Elle adopte une forme latine et présente une ornementation très travaillée de rinceaux et de volutes. À l’extrémité supérieure figure une petite plaque portant le monogramme INRI (Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum), rappel de l’écriteau apposé sur la croix du Christ. Au centre de la croix, un grand médaillon représente le Sacré-Cœur, un cœur enflammé, ceint d’une couronne d’épines et surmonté d’une petite croix. Ce motif exprime l’amour du Christ pour l’humanité et témoigne de la forte diffusion de cette dévotion au XIXᵉ siècle. Aux extrémités des bras latéraux, on observe le Voile de Véronique, figurant le visage du Christ entouré d’un nimbe rayonnant. Ce symbole de compassion rappelle le geste de sainte Véronique qui, selon la tradition, aurait essuyé le visage du Christ sur le chemin du Calvaire.
Sur la hampe verticale, sous le médaillon central, se trouvent les Tables de la Loi portant les chiffres romains des Dix Commandements. Ces deux tables de pierre évoquent celles que Moïse aurait reçues au Sinaï. Sur chaque table, une série de chiffres romains stylisés est gravée verticalement, correspondant aux numéros des commandements :
– sur la table de gauche, de haut en bas : I II III IV V.
– sur la table de droite : VI VII VIII IX X.
Symbole majeur de la Loi divine, les Tables de la Loi ont été conservées dans l’iconographie religieuse même pendant la Révolution française, en raison de leur forte valeur morale et universelle. La partie inférieure de la croix présente une composition particulièrement remarquable : autour d’un angelot ailé se disposent trois figures symboliques, un lion, un taureau et un aigle, formant avec l’ange le tétramorphe, représentation traditionnelle des quatre évangélistes 
– l’ange (ou homme ailé) pour Matthieu.
– le lion pour Marc.
– le taureau pour Luc.
– l’aigle pour Jean.
Cette iconographie illustre la diffusion universelle de la Parole évangélique. Ce type de programme iconographique est caractéristique des croix de fonte produites en série par les grandes fonderies religieuses au cours de la seconde moitié du XIXᵉ siècle. La croix est insérée dans un dé en granit, lui-même posé sur une table chanfreinée à son sommet. L’ensemble repose sur un piédestal en pierre appareillée, assurant la stabilité de la structure et soulignant sa monumentalité.

Source : Claude Royère