L’abbaye de Bonlieu était, au début du Moyen Âge, la plus grande, la plus riche et la plus influente de la Creuse. Elle tirait ses revenus de différentes activités : cultures, élevage, exploitation des forêts, étangs et moulins. La grange d’Aubeterre, près de Montluçon, produisait de notables quantités de vin, indispensable pour la célébration des messes. Les surplus de productivité étaient souvent convertis en biens immobiliers, ce qui n’était pas très conforme à la règle monastique. À la fin du XIVᵉ siècle, tout semblait aller pour le mieux. Bien qu’attaquée par les Anglais, causant quelques dégâts, l’abbaye avait renforcé ses défenses avec une énorme tour carrée visible encore aujourd’hui à l’entrée. Le coup fatal fut porté par l’institution du régime de la Commande en 1516, qui permettait que l’abbé soit nommé par le pouvoir royal. Beaucoup firent alors passer leur intérêt personnel avant celui de l’Église. Ainsi, Jean de Saint-Avit, abbé commendataire de Bonlieu, fit rénover et agrandir le château du Mazeau avec les revenus de l’abbaye. Par ailleurs, à la suite des guerres de Religion, les donations se firent de plus en plus rares et les vocations diminuèrent. Il fallait embaucher et payer des mercenaires laïcs pour aider les frères convers, et multiplier les procédures pour percevoir les redevances auprès des tenanciers dispersés sur un vaste territoire. Le nombre de moines diminua inexorablement : 7 au XVIIᵉ siècle, 4 au XVIIIᵉ siècle, et enfin 3 à la veille de la Révolution de 1789.
Source : wikipedia.org, cartaculaire de Bonlieu, Claude Royère