Cette croix de Jérusalem est gravée sur une face d’un élément en pierre, probablement un ancien pied de colonne ou un fût réemployé. Elle se distingue par ses cinq croix, une grande croix centrale entourée de quatre croix plus petites, symbole de la mission évangélique aux quatre coins du monde.Sur l'autre face de la pierre, on peut lire l’inscription suivante :
M . MR
100
Le second chiffre de la date, qui évoque un « 7 » gravé à l’envers, pourrait suggérer une datation autour de 1700, mais il pourrait tout aussi bien s’agir d’un signe lapidaire, voire d’un symbole d'inspiration runique, l'interprétation reste incertaine. La croix de Jérusalem est l’insigne traditionnel des chevaliers du Saint-Sépulcre, un ordre de chevalerie chrétienne rattaché à la défense et à la préservation des lieux saints. Cet ordre trouve ses origines dans la coutume, apparue dès le Moyen Âge, selon laquelle les chevaliers se faisaient adouber sur le tombeau du Christ, dans la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem. La première mention écrite d’un tel adoubement remonte à 1335, bien que cette pratique semble attestée dès les XIIᵉ et XIIIᵉ siècles.L’adoubement sur le Saint-Sépulcre revêtait une forte signification spirituelle, il symbolisait le renouveau de l’engagement chrétien, une forme de chevalerie intérieure, où l’idéal de service et de foi primait sur les exploits guerriers. Jusqu’à la fin du XVe siècle, le titre de chevalier du Saint-Sépulcre était transmis de chevalier à chevalier, l’acte d’adoubement sur ce lieu sacré en constituant le fondement. Il convient de distinguer cet ordre chevaleresque de l’ordre canonial du Saint-Sépulcre, fondé à Jérusalem en 1099 par Godefroy de Bouillon, qui regroupait des chanoines réguliers desservant la basilique du Saint-Sépulcre. Cet ordre religieux a par la suite essaimé en Europe, où il a fondé divers prieurés. Cette gravure énigmatique de Chanet pourrait ainsi témoigner d’une dévotion ancienne ou d’un lien symbolique avec cet ordre prestigieux, dans un cadre rural où la foi et l’histoire s'entrelacent discrètement dans la pierre.
Source : ordredusaintsepulcre.fr, Jeannot Maufus, Claude Royère