Cette haute croix, dite « de Salvert », est en granit et présente des embouts pattés, sculptés de feuilles de vigne et de raisins. Sur le croisillon, on aperçoit un quadrilobe portant la date 1861, tandis qu’un Christ en croix est sculpté au centre. Le croisillon repose sur un chapiteau, le fût pyramidal possède des arêtes arasées, et le socle mouluré repose sur un piédestal parallélépipédique, lui-même posé sur un emmarchement de deux degrés. Cette croix marque l’entrée du chemin menant à l’Abbaye de Bonlieu. Le 4 des calendes de septembre 1119, Amelius de Chambon, en présence d’Eustorge, évêque de Limoges, donna le manse de Mazerolles à Géraud de Salles (ou de Salis) pour y établir un ermitage avec des moines venus de l’abbaye de Dalon en Périgord. Cette donation constitue la première notice du cartulaire de Bonlieu. En 1121, à la mort de Géraud, l’ermitage devint abbaye, affiliée à Dalon, avec Pierre de Saint-Julien, probablement neveu d’Amélius, comme premier abbé. Le 26 octobre 1141, le premier sanctuaire fut consacré par Guy du Cluseau, évêque de Limoges, et prit le nom de « Bonus Locus » (Bonlieu), en raison de la vie bonne des premiers religieux. L’abbaye reçut de nombreux dons de terres des seigneurs locaux et compta jusqu’à 17 granges, dont La Porte, encore visible aujourd’hui près de l’abbaye. Notre-Dame de Bonlieu fut rattachée à l’ordre de Cîteaux en 1162, dans la filiation de l’abbaye de Pontigny, ce qui fit de Bonlieu la plus belle et la plus vaste abbaye de la Creuse. L’abbaye fut pillée par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans et par les Huguenots durant les guerres de Religion. Elle fut ensuite vendue comme bien national en 1792 aux frères Jean-Pierre et Jean-François Picon, teinturiers du roi à Aubusson. Les descendants de ces derniers habitent toujours les lieux.
Source : cartaculaire de Bonlieu, Peyrat la Nonière.com, Claude Royère