Croix en Creuse
Les témoins de notre histoire

Cette chapelle, datée de la seconde moitié du XIXᵉ siècle (vers 1870–1900), présente un couronnement en arc en plein cintre souligné par une archivolte moulurée, ornée d’un décor géométrique en dents de scie. Au centre du décor figure une dédicace au Sacré-Cœur, associant les clous de la Crucifixion, entourés d’une couronne d’épines, et le monogramme J. H. M., inscrit dans un entourage de rinceaux de tiphas. Cet ensemble iconographique renvoie explicitement à la passion du Christ et à la spiritualité réparatrice alors très répandue. Dans l’archivolte, au-dessus de ce motif central, est gravée en creux l’inscription latine : ET VERBUM CARO FACTUM EST, dont la traduction est : « Et le Verbe s’est fait chair » (Évangile selon saint Jean, chapitre 1, verset 14). Cette citation, affirmation centrale du dogme chrétien de l’Incarnation, fait directement écho à la vocation spirituelle de la chapelle. Le style du décor s’inscrit pleinement dans le contexte de la spiritualité post-révolutionnaire et du renouveau catholique de la seconde moitié du XIXᵉ siècle. La dénomination de
« chapelle du Verbe incarné » renvoie explicitement à une théologie centrée sur le Christ fait homme. Ce type de dédicace et de programme iconographique est cohérent avec une construction ou une réfection liée à une piété marquée et affirmée. On note également la présence de la formule dévotionnelle J. M. J. (Jésus, Maria, Joseph). Enfin, la plaque de fondation en marbre mentionne une initiative de bienfaitrice privée. Mlle Catherine Hubert, enfant de Marie Immaculée c’est une situation fréquente à la fin du XIXᵉ siècle, traduisant l’engagement religieux et social de laïcs pieux, notamment féminins, dans l’édification des lieux de dévotion.
Lexique : J H S

Source : Christiane Planchon, Claude Royère