Cette croix a été taillée dans un seul bloc de granit, intégrant le socle, un petit reposoir et un fût pyramidal se terminant en pointe de diamant, cerclé de fer. La croix en fer, de section carrée, a été forgée et soudée à chaud, les extrémités du croisillon sont bouletées à la forge, selon une technique traditionnelle. D’après la tradition locale rapportée par Jean Collange et Bernard Peyramaure, habitants du hameau de Boulareix, cette croix aurait été commandée par le comte d’Ussel, propriétaire des lieux, pour honorer la mémoire d’une femme prénommée Orna, vraisemblablement membre de sa famille. Il pourrait s’agir d’une fille, d’une sœur ou d’une proche parente, dont le décès aurait motivé l’érection de ce monument. Sur le petit reposoir, on peut lire une inscription latine gravée dans le granit : « OBIIT ORИA », soit « Orna est décédée ». Le mot obiit signifie en latin « il/elle mourut ». La dernière lettre du prénom Orna est ici gravée à l’envers (И au lieu de N), détail révélateur d’une gravure naïve ou artisanale, probablement exécutée par un tailleur de pierre local peu familier de l’alphabet latin. Par son caractère isolé et personnalisé, cette croix s’apparente à une croix funéraire privée, érigée dans un domaine aristocratique rural de la Creuse, probablement entre la fin du XVIIIe siècle et le XIXe siècle.
Source : René Cagnat, Bernard Peyramaure, Jean Collange, Claude Royère