Le portail de la curieuse église de Glénic est surmonté d’une niche en plein cintre qui abrite une statue plus curieuse encore. C’est une vierge en granit, très
archaïque, assise sur un trône, elle tient l'enfant Jésus assis sur ses genoux, de manière parfaitement frontale. L'enfant est vêtu d'une tunique recouverte d'une chasuble en pointe. Il bénit de sa main droite, il bénit de sa main gauche, tenant un livre ouvert, sur lequel sont gravés l'alpha et l'oméga. La Vierge et l'enfant semblent couronnés. Cette statue fait penser aux vierges auvergnates du XIIe siècle. Si l’on en croit une légende locale, cette lourde statue est d’humeur vagabonde : elle s’envolait chaque nuit, portée par d’invisibles ailes, pour aller visiter une autre vierge de pierre de même origine qu’elle qui se trouvait alors dans la chapelle de la Borne. Elle regagnait toujours sa niche avant le jour. Les habitants de Glénic tenaient beaucoup à leur antique vierge. Ils la considéraient comme la protectrice de leur bourg. Aussi, s’étant aperçus de ses fugues, s’en montraient-ils très inquiets. Tous les vieux de la paroisse se réunirent un soir en assemblée pour étudier la question. Comment garder leur statue errante et empêcher ses dangereux voyages ? Après une longue discussion, ils décidèrent de l’emprisonner dans sa niche. Devant l’ouverture de celle-ci, fut solidement scellée une grille de fer, forgée par le forgeron du bourg, et la malheureuse vierge resta captive… Des siècles ont passé… La grille lentement oxydée est tombée en poudre. Ses derniers débris ont été enlevés, il y a de longues années. Cependant l’antique statue, sans doute assagie.
Source : Société des sciences de la Creuse, Claude Royère