Cette croix restaurée, en fer forgé et granit, commémore le lieu du partage des reliques de saint Léobon. Aussitôt après la mort du saint, les foules accoururent à l’endroit de sa sépulture pour le vénérer, car on disait qu’il possédait des pouvoirs guérisseurs. L’ermitage de saint Léobon, où il reposait désormais, devint un lieu de pèlerinage. Peu à peu, des familles s’installèrent autour du tombeau, et l’endroit désertique de la Pierre-Grosse se transforma en un nouveau village. Une première église fut construite pour honorer le saint. La population augmenta si rapidement que le village rivalisa en taille avec le chef-lieu de la paroisse, Salagnac. Pour le distinguer, on rebaptisa la Pierre-Grosse « Grand-Bourg de Salagnac ». La renommée des miracles accomplis par saint Léobon et la dévotion qu’il suscitait se répandirent dans tout le pays. Les habitants de Fursac, regrettant de l’avoir chassé de leur territoire à l’époque, décidèrent de récupérer son corps afin de le placer dans leur église. Ils attelèrent des bœufs à un char et se rendirent au Grand-Bourg. Après s’être emparés des reliques, ils reprirent rapidement le chemin de Fursac. Cependant, à environ un kilomètre du Grand-Bourg, en un lieu appelé Marliat, les bœufs s’arrêtèrent net. Au même moment, les cloches du Grand-Bourg se mirent à sonner à toute volée, alertant la population. Selon la légende, les cloches elles-mêmes prononcèrent le mot d’ordre, connu de tous dans la région, pour exhorter les habitants à récupérer leurs reliques plus probablement, il s’agissait de cris d’alerte lancés par des messagers. Les gens du Grand-Bourg se mirent en route et rejoignirent les Fursacois bloqués à Marliat. Une lutte éclata entre les deux communautés pour se disputer les reliques. Dans la bousculade, les habitants du Grand-Bourg arrachèrent la tête et le bras droit, tandis que le reste du corps resta aux gens de Fursac. Ainsi furent partagées les reliques. Face à ce qui aurait pu sembler un désastre, saint Léobon, selon la légende, prit la parole pour approuver ce partage forcé et consola les habitants du Grand-Bourg en ces termes : « Laissez faire, à vous, je donne ma tête et mon bras droit, et, avec eux, je vous donne toute ma force et toute ma puissance. » Ces paroles devinrent, pour les deux localités, la garantie d’une bonne entente, chacune honorant désormais saint Léobon à sa manière.
Source : Genviève Chassagnard, Jean Pierre Villatte, Claude Royère